Sabine Blanc

journaliste web

Iron Man 3, Super Bidouille à la rescousse du monde

Des premières scènes jusqu’à la fin, Iron Man 3, sorti cette semaine en France, est traversé par la figure du bidouilleur ingénieux sous toutes ses formes : maker, tinkerer, hacker. Petite revue en captures d’écran cracra et souvenirs de dialogues.

La première séquence, un flash back en 1999, introduit le personnage du bio-hacker. Maya Hansen est une « botaniste » d’un genre un peu particulier puisque les plantes qu’elle tripote ont la capacité de se régénérer. Augmented ficcus de belle-maman. Une technique qu’avec son acolyte le docteur Aldrich Killian, elle va appliquer à des cobayes humains, des vétérans de guerre américains handicapés. Stark utilise le terme « hacker » pour décrire la technique de Maya Hansen.

Stark est lui-même un homme augmenté, d’abord par la force des choses. Enlevé par des terroristes en Afghanistan, « il ne survit que grâce à un électro-aimant placé près de son cœur et alimenté par une batterie de voiture. » (merci Wikipedia). La contrainte devient passion et il passe des heures à améliorer son armure.

15 ans plus tard, on retrouve donc Stark, dans sa cave, où il bricole ses armures, équivalent high tech du garage/makerspace/hackerspace. Avec une différence notable : Stark est un solitaire, alors que le partage est au centre des valeurs des communautés de bidouilleurs.
Ses seuls compagnons sont des machines qu’il a conçues, un robot ménager qui passe le balai, et Jarvis, une intelligence artificielle.

Stark bricole, teste, et parfois se plante, conformément au « learning by failing » cher aux hackers, comme en témoigne son essai foiré pour « appeler » les éléments de son armure.

Mais contrairement aux hobbyistes du dimanche, Stark est un super-héros dont la mission est de sauver le monde/les États-Unis. La passion de la bidouille n’est pas la seule qui le tient éveillé des nuits durant, comme il l’explique à sa compagne Pepper. Il se décrit comme un « tinkerer » (bricoleur) angoissé. Au passage, Tinkerer est un autre héros de Marvel, mais pas gentil du tout (merci Wikipedia bis).

« But honey I can’t sleep. You go to bed and I come down here, I do what I know, I tinker. Threat is imminent and I have to protect the one thing I can’t live without. That’s you. » (à 0’33)

Plus loin, Stark rencontre son jeune alter-ego, Harley, qui le tient en joue armé d’un fusil à patates visiblement améliorée puisqu’il peut dégommer un objet à plusieurs mètres. La rencontre a lieu dans son antre de bricoleur, nettement plus modeste que la cave de Stark. Harley n’est pas sans rappeler un enfant bien réel, Joey Hudy, qui avait fait au président Obama une démonstration de son « Extreme Marshmallow Cannon ».

Non content de jouer avec le monde matériel, le hardware, Stark aime bien aussi cracker des mots de passe, comme lui rappelle son complice James Rhodes, aka Iron Patriot, ce qui oblige ce dernier à en changer.

On le voit ensuite pénétrer dans des dossiers de AIM, la société du vilain professeur Aldrich Killian. Dans l’éthique hacker, l’intention est un paramètre important pour qualifier les actes. De ce point de vue, Stark est un white hat, un « gentil » hacker, puisque son objectif est louable.
James Rhodes emploie le mot « hacker » pour qualifier le vol de son mot de passe, ce à quoi Stark lui répond qu’on emploie plus ce terme, si quelqu’un a une interprétation, je suis preneuse, à moins que ce ne soit qu’une pirouette.

En proie à des crises d’angoisse, Stark trouve la guérison dans la bidouille low tech : Harvey lui dit de « construire » (« build ») s’il se sent mal (merci Bumblebee pour la précision). Direction le supermarché, où il embarque du matériel de jardinage qui lui permettra de se fabriquer une armada DIY : boule de Noël explosive, taser, gant électrifié, etc, le tout fourré dans un sac de sport, loin de son armure haut de gamme, et assez efficace pour partir à l’assaut de la maison du méchant, du moins dans un premier temps. Le final verra le retour non pas de l’armure mais d’une armée d’armures. Mais c’est bien son ingéniosité, sa créativité, son esprit de détournement, qui lui permette de rebondir. Les plans de cette séquence mettent à l’honneur les mains qui fabriquent :

Au sujet des armes DIY, et cette fois-ci bien réelles, il y a eu cet article sur les rebelles syriens, la controverse autour des armes imprimées, ou encore celui sur ces labs de guerre mobiles américains, équipés d’imprimantes 3D pour réparer le matériel au plus près du terrain, en Afghanistan.

À la fin, pour remercier Harley, Stark lui équipe son garage d’outils qui émerveille le gamin. Nul doute qu’il saura s’en servir pour continuer de créer :

Le film se clôt sur une réflexion sur le biohacking et l’homme augmenté : Stark se fait ôter son électro-aimant. De même, Pepper, augmentée contre son gré, l’implore pour redevenir normale : se régénérer ad vitam aeternam, non merci !

28 avril 2013

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